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22 janvier 2009 4 22 /01 /janvier /2009 10:36
PRÉPARATIONS A BASE DE PROTÉINES DE SOJA ET PHYTO-OESTROGÈNES

Apports de phyto-oestrogènes

Les phyto-oestrogè nes sont des composés naturels présents dans de nombreux végétaux en particulier les légumineuses dont fait partie le soja. On en distinge 3 catégories : les isoflavones, les lignanes et les coumestanes.
Les principaux composés contenus dans les aliments à base de protéines de soja sont des isoflavones : génistéine, daidzéine, biochanine A, formononétine [43]. En 1997 Setchell et Coll. ont dosé les isoflavones dans des PNPS utilisées aux U.S.A. ; les concentrations variaient de 32 à 47 mg/l alors que la concentration moyenne du lait maternel était de 5,6 4,4 µg/l [44]. Ainsi un nourrisson de 4 mois nourri exclusivement avec une PNPS peut recevoir 6 à 9 mg/k/j d'isoflavone ; par comparaison, un adulte consommant du soja dans son alimentation peut en recevoir de 0,7 à 1,4 mg/kg/j. Les préparations pour nourrissons et les préparations de suite à base de protéines de soja actuellement utilisées en France contiendraient des quantités de phyto-oestrogènes équivalentes à celles rapportées aux U.S.A.[45].

Métabolisme et propriétés des phyto-oestrogènes

Les composés glycosidiques d'isoflavone sont hydrolysés par les bactéries intestinales puis absorbés et métabolisés dans le foie ; il existe un cycle entéro-hépatique. Chez le nourrisson recevant des PNPS, l'excrétion urinaire est faible, les concentrations plasmatiques sont élevées : de 500 à 1 700 mmol/l, c'est-à-dire des taux 13 000 à 22 000 fois supérieurs aux concentrations plasmatiques de l'oestradiol [44].

La structure biochimique des phyto-oestrogè nes est proche de celle de l'oestradiol ; selon les tissus où ils agissent ils pourraient agir comme agoniste ou antagoniste de l'oestradiol. Les isoflavones seraient de 10 000 à 140 000 fois moins puissants que l'oestradiol sur des modèles expérimentaux ; ils auraient par ailleurs d'autres propriétés non hormonales, anti oxydantes, anti prolifératives et anti angiogéniques [46, 47]. Chez l'adulte le rôle bénéfique des aliments à base de soja et des phyto-oestrogè nes est actuellement discuté dans le traitement des troubles de la ménopause, dans la prévention de l'ostéoporose, des cancers du sein et de la prostate [48, 49, 50]. L'effet hypocholestérolé miant des protéines de soja est reconnu [51]. En fait, les phyto-oestrogènes pourraient intervenir dans la prévention des maladies cardio-vasculaires par plusieurs mécanismes
: diminution du LDL cholestérol, de la peroxydation lipidique et de l'agrégabilité plaquettaire, augmentation du HDL cholestérol [52].

Cependant, à fortes doses les phyto-oestrogè nes pourraient avoir aussi de effets néfastes sur le développement et le fonctionnement neuro-endocrinien. Dans les années 50, on a découvert que certaines variétés de trèfles riches en phyto-oestrogè nes entraînaient une stérilité chez les moutons australiens (clover disease) [47].

Des taux faibles des récepteurs des progestagènes au niveau de l'hypophyse et de l'hypothalamus et des modifications de la fonction gonadique et du comportement sexuel ont été observés chez des rats qui avaient reçu du coumestrol in utéro puis dans le lait de leur mère [53]. Chez l'animal, des expositions in utéro à des fortes doses de génistéine perturbe la sécrétion de l'hormone lutéinisante par l'hypophyse [54]. On peut donc se demander si la consommation de quantités importantes de phyto-oestrogè nes chez la femme enceinte et le jeune nourrisson ne pourraient pas avoir d'effets nocifs sur le développement neuro-endocrinien de l'enfant [47, 55]. Bien que les préparations à base de protéines de soja soient utilisées depuis plus de 30 ans, il n'a pas été rapporté jusqu'à maintenant chez les enfants qui en ont consommées, de troubles de la croissance, d'anomalies pubertaires ou de la fertilité à l'âge adulte [46]. Cependant on ne dispose pour l'instant d'aucune étude sur le développement endocrinien du nourrisson et de l'enfant qui reçoivent ou qui ont reçu des PNPS et sur la fertilité de tels sujets à l'âge adulte. Dans l'état actuel des connaissances, il paraît souhaitable que les phyto-oestrogè nes soient éliminés des préparations pour nourrissons à base de soja.

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Les préparations pour nourrissons et les préparations de suite à base de protéines de soja (PNPS) sont des produits diététiques sans lactose, sans saccharose, sans gluten, sans protéines de lait de vache. La plupart sont enrichies en méthionine, carnitine et taurine. Elles apportent des sels minéraux, des oligo-éléments et des vitamines. Elles contiennent des phytates, de l'aluminium en quantités supérieures aux préparations lactées et des quantités élevées de phyto-oestrogè nes dont les effets potentiels sont encore mal connus chez l'enfant.

Les PNPS ne sont pas supérieures aux préparations lactées pour l'alimentation de l'enfant normal mais sont utilisables dans les familles végétaliennes qui ne souhaitent pas utiliser du lait de vache.

Les PNPS sont utilisables comme d'autres produits diététiques dans les intolérances primitive ou secondaire au lactose. Elles ne sont pas recommandées en France dans la galactosémie congénitale du fait de leur teneur en raffinose et stachyose.

Les PNPS ne sont pas indiquées dans la prévention des manifestations allergiques , que l'enfant soit à risque allergique ou non.

Les PNPS ne sont pas indiquées dans le traitement de l'allergie aux protéines du lait de vache à type d'entéropathie ou d'entérocolite de mécanisme non IgE en raison de la fréquence des allergies aux protéines de soja. Elles sont utilisables après dans certains cas d'allergie aux protéines du lait de vache IgE médiées après réalisation d'un test de tolérance aux protéines de soja.

Les PNPS n'ont pas d'indication prouvée dans le syndrome des coliques du nourrisson.

Références
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Articles connexes :
- 20 janvier 2009 : Lui donner du lait de soja? ou pas? partie 1/3
- 21 janvier 2009 : Lui donner du lait de soja? ou pas? partie 2/3
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