Est-ce que les femmes veulent défendre leurs droits?

Je réagis à l'intéressant article d'Aurélie Haroche : "à qui appartient le corps des femmes enceintes?"  auquel je ne peux pas réagir en direct, n'étant pas professionnel de la santé.

Je m'en pose des questions sur ce sujet, depuis que j'ai assisté au Congrès sur les droits humains durant la naissance (La Haye, mai-juin 2012)!

Quant à la question « Pourquoi la grossesse diminuerait-elle le droit d’une femme adulte à refuser les soins ? » je la reformulerais de manière plus large : "Quand est-ce qu'une femme est autonome dans la gestion de sa vie reproductive?"

Il y a là, je trouve, une différence abyssale entre la manière dont un homme vit sa vie reproductive et dont une femme vit la sienne. "Féminité" rime vraiment très souvent avec "médecine" ... et qu'est-ce que c'est dissonant! Allé, j'exagère un petit peu, mais que pensez-vous de ce parcours-"santé" ?

- premières règles > douleurs > passe chez le doc' y te prescrira des anti-douleurs (en l'absence de douleur, certaines vivent malgré tout cet espèce de rite de passage chez un gynéco qui leur dit que "tout va bien chez elles" - hop c'est délégué! Des explications sur ce qu'elle vit et ce qu'elle ressent? Hum, peut-être sa mère s'en chargera?)
- premières relations sexuelles > t'es folle si tu ne passes pas avant chez le gynéco, il te prescrira la pilule (parce que si, malgré tout le progrès de notre civilisation, tu tombais enceinte sans l'avoir désiré/contrôlé, c'est parce que TU l'auras voulu! C'est à toi de gérer ton corps et ta fécondité, hein! Le gars avec toi, lui, il n'y peut rien du tout, bien entendu! ^^)
- première grossesse > suivi gynéco (alors qu'il est formé pour accompagner la pathologie et la sage-femme pour la physiologie!) Si ce n'est pas toi qui te renseignes, personne ne va te dire que c'est possible d'accoucher ailleurs qu'à l'hôpital, que la sage-femme peut faire un suivi GLOBAL - et bien moins cher - de la grossesse jusqu'à plusieurs semaines après la naissance (remboursées, oui, oui! même les visites post-natales journalières à domicile!).
- accouchement > "pas sans mon gynéco" (heu, la sage-femme, elle sert à quoi??? "bis")
- allaitement > la pédiatre te dira de penser au sevrage lorsque BB a deux mois, pour que l'entrée en crèche soit facile... du soutien à l'allaitement? Ton avis à toi, il te le demande quand? Hé oui, les médecins, gynécos et pédiatres qui sont réellement de bon conseil sont trop rares! on se refile leurs adresses en MP, faudrait pas que leurs noms soient publiés, ils seraient surchargés!
- plusieurs grossesses : même topo, hein!
- ménopause : vite, cours chez le gyné, qu'il te prescrive "les hormones qui vont bien et qui font croire que l'on contrôle tout dans la vie, jusqu'à notre corps et au temps qui passe", oui ça soulage, et surtout ça permet de rester bien active jusqu'à l'heure (de + en + tardive) de la retraite! Faudrait pas commencer à ralentir le rythme de ta vie, ou à te centrer sur toi, sur ce que tu peux transmettre aux autres, femmes ou hommes, de tout ce que tu as appris dans ta vie, non, non, qui es-tu d'autre qu'une patiente, du début à la fin de ta vie?!

Quand est-ce qu'un homme va consulter pour sa vie reproductive? Pas lorsqu'elle est normale, mais lorsqu'il a un dysfonctionnement. Le reste du temps, il est autonome.

Une femme, pour sa vie reproductive normale ne sentira jamais autonome. Reprendre le pouvoir sur cette part de ce qu'elle est, rependre le pouvoir de donner la vie... La société a pris cela en main et ne veut pas qu'elle le fasse! Imaginez que les femmes soient plus autonomes...

Un individu conscient et debout est plus dangereux pour le pouvoir que dix mille individus endormis et soumis ».

- Gandhi

Extrait de l'article d'Aurlie Haroche : « ‎(aux USA) "une enquête réalisée en 2007 auprès de 229 obstétriciens et de 126 avocats spécialistes de question de santé avaient révélé que 51 % étaient favorables au recours à la justice pour contraindre une femme à consentir à une césarienne." » - http://m.jim.fr/e-docs/00/02/06/F4/document_actu_pro.phtml

Ce sont des avocates et des juristes qu'il faudrait aussi : que plus aucune femme ne se voit installer un monito, une péridurale, des forceps, ou autre, sans son consentement éclairé SANS aller ensuite en justice.
Il faudrait un regroupement comme pour les "erreurs médicales" : où les mères puissent aller se plaindre et qu'elles soient entendues et que leurs droits soient défendus en justice (ou en médiation) SANS que cela ne pèse sur leur vie de jeune mère! Franchement, je suis certaine que les abus cesseraient vite.

Mais est-ce que les femmes veulent réellement défendre leurs droits? veulent réellement reprendre leur vie reproductive en main?
 

Si oui, mon site regorge de liens pour le faire. Gérer sa fertilité : c'est possible

- Julie, agronome et doula